Et du côté africain, même si nos bourses des valeurs ont mieux résistées, nul doute que les conséquences néfastes de cette crise vont frapper par ricochet, certains symboles phares du capitalisme continental, dans les prochaines semaines. Les populations laissées pour compte depuis des lustres et fortement plongées dans les crises alimentaires et énergétiques qui sévissent sur le continent, voient renforcer leurs angoisses d'un quotidien incertain. L'Afrique expérimente quotidiennement les effets néfastes de la duplicité – héréditaire - des dirigeants du monde libéral avec les grands groupes industriels, financiers et pétroliers - qui ont mis en coupe réglée les économies africaines. Mais les africains peuvent comprendre la douleur des populations américaines qui ont tout perdu en l'espace d'un an ; eux qui portent aussi leur croix, compatissent à l'angoisse des populations américaines.
Mais l'angoisse, la grande angoisse reste pour les africains dont les espoirs d'atténuer les effets, grâce aux aides publiques au développement et les promesses de financement de projet, des crises alimentaires et énergétiques, risquent de s'envoler avec la débâcle financière et monétaire du modèle capitaliste. L'Afrique craint de payer le prix fort de cette débâcle spéculative et boursière à corriger. D'autant plus que d'aucuns - depuis le vibrant plaidoyer d'une aide accrue au développement des pays pauvres lors du sommet du G8 - n'ont daigné de façon conséquente mettre la main à la poche pour secourir efficacement le continent africain dans le drame qu'il vit quotidiennement. Nul doute qu'avec la fastueuse ingéniosité qu'on respecte au système capitaliste les 700 milliards de dollar US annoncés - pour la seule économie américaine – finiront par sortir du chapeau de l'oncle Sam ou ″oncle picsou″, d'où ils dorment tranquillement, pendant que le dollar s'effondrait et les pauvres travailleurs américains se faisaient expulser de chez eux.
Entre-nous africains, il est grand temps qu'on se le rappelle, ″les promesses n'engagent que ceux qui les retiennent″, n'est-ce pas ? L'aide publique au développement, le Millenium Challenge Account et autres bonnes intentions promises risquent de s'amenuiser pour un temps ou attendre longtemps. Et les crédits qui traînent – MCA... - à être consommé pourraient prendre aussi une autre direction si on ne se dépêche de réaliser leur but. Car la débâcle des marchés financiers a mis à mal tous les fondamentaux du système érigé. Ce système d'inhumanité, d'iniquité, d'inégalité et de déstructuration interne ne peut perdurer éternellement, tant il a besoin d'une bonne dose de morale, de conscience et de règles. Les pauvres, les exclus, les sans-abri se comptent par dizaine de millions en occident depuis quelques temps. Et par conséquent, les pays africains ne peuvent pas forcer les pays riches à davantage de solidarité envers eux. La récession qui pointe aux USA et en Europe – et qui appellera forcement à une politique de rigueur - risque de durer quelques années - ce qui va ralentir la propension de générosité des pays riches -. Alors, n'est-il pas plus simple et plus équitable, ″ à l'heure où chacun voit midi à sa porte″, d'exiger d'eux de libérer et de rendre plus représentative et plus équitable les institutions et organisations de la gouvernance mondiale, dans un premier temps ? Car le Conseil de sécurité des Nations Unies, l'OMC, la Banque Mondiale, le FMI, la CPI et autres sont autant d'instruments – qui renforcent notre malaise - dont les mécanismes de fonctionnement doivent être revu et corrigé pour plus de cohésion et de concorde entre les nations. Et, n'est-ce pas, le meilleur moment pour les pays riches de montrer leur bonne foi et leur bonne volonté à payer à leur juste prix les ressources minières, agricoles et autres matières premières des pays africains et pays pauvres du monde entier, d'autre part ? A nous, de leur faire savoir et faire accepter, sans complexe, cette impérieuse nécessité. Ce faisant, c'est en ressortissant africain fier, que j'ai entendu, la semaine dernière sur les antennes de RFI, le président béninois le Dr YAYI Boni (aux détours de quelques questions), évoquer le sujet de ″revoir la gouvernance mondiale″, telle quelle est conçue et conduire actuellement. Et j'espère que d'autres voix éminentes s'élèveront, après la sienne, pour une concertation africaine, internationale voire mondiale sur ce sujet crucial de notre existence et notre indépendance collective.
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